De la haine

Scandale ! Horreur ! Malheur ! Sauce bolo et lasagnes au canasson. Je me marre doucement. « Encore une histoire qui n’intéresse que les végétariens ! ». Ouais, c’est tout à fait leur genre de se marrer là-dessus. Ils aiment emmerder le monde au sujet de la viande, de ses cancers, son cholestérol, la mauvaise haleine et le gros cul inhérents à sa consommation. Et puis pour nous dire que manger des animaux, ce n’est pas bien, ça prouve quand même que c’est une belle bande de casse-couilles.

Ben oui, parce que pour un carnivore, manger du gentil cheval au lieu de la gentille vache laitière usée par ses années de service, ça ne change pas grand-chose… Jusqu’à… Jusqu’à ce que j’ouvre le journal, j’allume la téloche. Et que j’ai vu. Le scandale, l’esclandre, le chaos ! Pendant de longues heures, avec des images partout, des duplex, des envoyés spéciaux au front, des rétrospectives des précédents scandales. Ils ont sortit l’artillerie lourde. Alerte rouge ! Nous avons mangé du cheval alors que sur la boite c’est écrit « LASAGNES AU BŒUF ». Bigre.

Alors là, mes bons, je suis resté sur le cul. Les carnassiers nous cassent les noix parce qu’ils ont mangé des gentils chevaux au lieu de gentils bœufs qui n’est dans leur tête qu’un « aliment » comme le chou ou les frites. Oui, les vaches sont toutes aussi mignonnes que les chevaux, regardez Marguerite (et son prisonnier à tête de cheval) ou la Vache qui rit. Mais on s’en tape, je ne mange pas non plus les animaux pas beaux comme les chèvres ou les Tamagoshis.

Le bouffeur commun de lasagnes Findus ou Picard n’a strictement aucune idée des animaux qu’il engloutit baignant dans la sauce tomate et la béchamel industrielle. Chacune de ses petites bêtes avait certainement une personnalité, un attachement à ses congénères de production ; et ça, le bouffeur n’en sait rien. Alors un cheval ou un bœuf, quelle différence ?

« Non, mais tu vois, moi je pense qu’il faut bien traiter les animaux » me raconte le bâfreur de viande industrielle la moins chère et la plus ignoble de pauvres bêtes qui n’ont jamais vu la lumière du jour. « Ils ne souffrent pas dans les abattoirs » me sert le type qui n’a aucune idée de ce qu’il mange. Dans ta tête, la poule dont tu mange les œufs et morte de sa vraie mort, entourée de pleins de petits poussins mignons. Dans ta tête, les vaches gambadent dans les frais bocages normands ou limousins et ne donnent leur lait que lorsque le mignon petit veau a bien tout bu sa part. Dans ta tête, la « viviande » utilisée pour faire tes bonnes lasagnes et de la vraie « viviande ». Et pas les déchets immondes qui contiennent de tout : graisse, os, poils, merde, cornes… Les restes pas chers.

C’est pour ça que je ne mange pas de viande. Et je ne mange pas plus de viande qui a soi-disant gambadé vraimentdans les frais bocages de Normandie ou du Limousin. Si les animaux étaient si heureux qui ça, ils auraient peut-être voulus que ça continue.

Toi, qui n’a jamais réfléchît à cette question, toi qui sait juste distinguer un poulet d’un faisan, toi qui m’affirme droit dans les yeux « qu’ils ne souffrent pas dans les abattoirs »,  toi qui couine lorsque je te raconte la vérité un « stop, tu vas nous couper l’appétit », pourquoi tu t’énerves, gueule au scandale parce que c’est du cheval au lieu du bœuf dans tes lasagnes ?

Bah… C’est marqué « viande de bœuf » sur le paquet. Mais, qui le lit ce putain de paquet ? Qui sait la merde que ça contient ? Les très bas morceaux, les additifs, la flotte, la tonne de sel… On ne sait pas, mais par contre, paye pour ne pas savoir. Hop au four, hop bouffé. Ça remplit. La vache n’a pas le gout de cheval ? Qu’est ce que tu en sais ? «  Un bon steak de bœuf, c’est incomparable ! ». Ah bon ? On vous aurait mis du soja ou de la chiasse que personne ne s’en serait rendu compte. « On n’a pas le temps de faire la cuisine ». Mais t’as le temps de claquer tes vidéos de Justin Bieber sur Facebook et demander des « J’aime ».

L’hypothèse couramment admise ? Elle est ici : Un cheval, c’est comme un chat ou un humain. Ça ne se mange pas. Pour les autres, en revanche il existe des tonnes de justifications : les lions et les gazelles ; la tranche de jambon dans le désert… Et plein d’autres pour soulager sa pauvre conscience.

Et puis, c’est le gout qui est important. La viande c’est « bon » et c’est pour ça qu’on en mange. Donc, si on mange des lasagnes, c’est parce que c’est délicieux. C’est vrai que ça à l’air délicieux sur l’emballage Findus (voir photo là-haut). Mais 10 minutes au micro-ondes, c’est long. Alors, nos braves industriels vous les ont prémâchés vos lasagnes. Quand on prend en compte tout ça, je comprends pourquoi tu as tant de mal à arrêter de les bouffer tes plats préparés.